Pierre Massart & l’aventure Rasquinet. Deuxième partie : Du Club des rues à l’école de devoirs

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Marie-Thérèse Coenen (historienne, CARHOP asbl)

Pierre Massart est tourné vers les enfants, les enfants d’immigrés en particulier, par profession, par vocation, par choix, quand il s’installe à Josaphat, dans ce quartier où se concentrent dans les années 1970, les plus grandes précarités et injustices sociales. Souvent, il évoque la Messe des jeunes l’Olivier comme point de départ de son action, mais aussi ses expériences de moniteur en Champagne et auprès d’ATD Quart Monde en Île de France. Il y puise ses modèles pour agir : club des rues, terrain d’aventure, camps, centre d’expression et de créativité et enfin école de devoirs. Rasquinet est tout cela. L’association, dont le relais a été fait et l’avenir assuré, poursuit année après année, son projet pédagogique et éducatif dans le quartier, avec de nouvelles générations d’enfants dont les familles continuent à s’inscrire dans le mouvement des migrations.

Le Club des rues

De septembre à décembre 1972, Pierre, Jeanne et des jeunes de la Messe des jeunes lancent un club des rues Josaphat. Ces « moniteurs et monitrices » improvisé.e.s partent à la rencontre des enfants du quartier, avec plus ou moins de succès.

« On se promène dans les rues avec un ballon, des billes, du savon liquide pour bulles ; on contacte les enfants ; on se joint à leurs jeux ou on leur en apprend d’autres. D’autres activités sont proposées, des sorties, une bibliothèque de rue et des histoires à raconter sur place ou au parc Josaphat, tout proche. »[1]

Il y a le désir d’être positif en faisant quelque chose pour eux et avec eux, suivant la méthode d’ATD Quart Monde. Il s’agit aussi, écrit Pierre, « d’apporter aux immigrés le témoignage concret de Belges désireux d’exprimer leur idéal de fraternité et de solidarité pour contester le racisme et toutes les manifestations hostiles dont les étrangers sont sujets. Et par les enfants, entrer en contact avec les parents »[2].

À la hauteur des numéros 117-123, bordant la rue Josaphat, les anciens établissements Rasquinet qui fabriquaient jusqu’en 1968 des pièces mécaniques pour vélo, sont à l’abandon. Le site en intérieur d’îlot, est borné par l’avenue Rogier, la chaussée d’Haecht, la rue Seutin et la rue des Coteaux. La rue Josaphat traverse de part en part le quartier. En 1972, la Société coopérative des locataires dans laquelle la commune de Schaerbeek détient la majorité des parts rachète le terrain pour quinze millions de francs belges ainsi que d’autres maisons situées dans le même périmètre avec un projet de constructions de logements.

Décembre 1972 : « Noël sous les poutrelles »

« Noel sous les poutrelles », affiche du Club des rues, Schaerbeek, 1972 (Collection Rasquinet).

Les jeunes de l’Olivier avaient pris l’habitude d’organiser pour la Noël, une animation dans le quartier, avec guitares, chants et distribution de soupe à l’oignon[3]. Quand Pierre Massart sollicite auprès de l’échevinat de la Jeunesse de Schaerbeek, la mise à disposition de l’ancienne usine, au moins les jours de pluie, l’échevin lui demande d’organiser, pour les jeunes du quartier, un réveillon dans les anciens halls de l’usine.

Ce n’est pas la première fois que le site est occupé. Des expériences théâtrales s’y étaient déroulées : une pièce, La colonne Durutti, du metteur en scène Armand Gatti[4] par les étudiants de l’Institut des arts de diffusion (IAD) et un projet de l’Université libre de Bruxelles (ULB)[5]. Pour le club des rues, ce sera « Noël sous les poutrelles » avec des ateliers, des jeux et un repas. La première grande réalisation du Centre culturel Rasquinet est une réussite. Organiser l’évènement et occuper un tel lieu plaisent aux jeunes. Pierre demande à l’échevin de prolonger l’occupation. Désormais, chaque mercredi, la grille de l’entrée de l’ancienne usine Rasquinet s’entrouvre et les gosses du quartier prennent possession des lieux. Il y a le terrain, un bâtiment avec une douzaine de petites pièces (ce qui permet un grand nombre d’ateliers différents) et surtout un grand hall de 600 mètres carrés pour les jeux, les activités sportives. L’usine est aménagée en espace jeux, ateliers et une bibliothèque mobilisant les faibles moyens du Club des rues et beaucoup d’énergie. Plus de 120 enfants de 4 à 14 ans viennent les mercredis après-midi, les samedis et les dimanches après-midi. La plaine est ouverte pendant les périodes de congés, si l’encadrement est assuré.

Le statut d’occupation précaire laisse toute liberté aux jeunes pour s’approprier le lieu. Le revers de la médaille est qu’il n’y a aucun confort, ni aucune mesure de sécurité. Être sans eau et sans électricité pose problème. Dès qu’il sollicite la commune pour obtenir ces aménagements élémentaires, Pierre essuie le refus de l’échevin des Travaux publics. Finalement, sur ordre du bourgmestre, l’usine est démolie en septembre 1973 pour des raisons de sécurité. C’est un coup dur pour les activités du Club, mais aussi un espoir puisque la commune annonce à la presse son projet d’y réaliser un parc public[6].

Pierre Massart soutien les jeunes du quartier qui utilisent l’espace de l’usine désaffectée comme terrain d’aventure. On y construit une cabane. Schaerbeek, s.d. (Collection Rasquinet)

1973 : l’asbl Rasquinet

Entretemps, le Club des rues s’est constitué en asbl sous le nom de Rasquinet[7], voulant exprimer par là sa volonté déclarée de maintenir ce lieu à la disposition des enfants du quartier qui déjà avaient pris l’habitude de dire « on va jouer à l’usine »[8]. Les statuts sont déposés au Moniteur belge en 1973[9]. L’article 3 précise le but :

« L’association a pour objet d’organiser toute animation contribuant à l’épanouissement global des enfants et au développement de leurs capacités intellectuelles, affectives et sociales. Cet épanouissement global vise aussi leur conscientisation pour un changement sociétal. »

Ces objectifs se déclinent selon des principes psychopédagogiques, à savoir : proposer des activités variées alliant à la fois le scolaire, le récréatif, le didactique et le créatif ; lutter contre l’exclusion et toute forme de discrimination ; favoriser le vivre ensemble par la coopération, la solidarité et la non-violence, créer du lien ; susciter la curiosité culturelle et l’envie d’apprendre, développer l’autonomie et la confiance en soi ; développer l’apprentissage du français et le goût de la lecture ; instaurer une démocratie participative[10].

En 2004, lors de la révision des statuts, l’article 3 précise le champ d’action : « l’association a pour but d’organiser toute animation, contribuant à l’épanouissement global des enfants et au développement de leurs capacités intellectuelles, affectives et sociales, en particulier de favoriser leur réussite scolaire par une école de devoirs et leur expression spontanée par des ateliers créatifs. L’association s’adresse prioritairement aux enfants du quartier en vue de promouvoir avec la collaboration de leurs parents, une cohabitation harmonieuse entre les différentes cultures et d’en valoriser les richesses »[11].

À sa création, l’asbl compte quatre-vingt-huit membres adhérents et une vingtaine de sympathisant.e.s. Pour devenir membre, il faut adhérer aux objectifs et participer bénévolement aux activités et réunions de l’association. Le premier président est Raymond Despiegelaar. Pierre Massart et Jeanne Verstraeten sont désignés comme administrateur et administratrice. Pierre le restera jusqu’à son décès. Il assurera également la présidence et sera régulièrement reconduit comme administrateur délégué jusqu’en 2013, où l’assemblée générale le désigne président d’honneur. Jeanne Verstraeten démissionne de son mandat en 2015.

L’association est affiliée au Collectif social et culturel, à l’Agence schaerbeekoise d’information, à l’Union des progressistes de Schaerbeek, à Hypothèse d’école et au Comité de liaison des écoles de devoirs[12]. En 1986, elle participe avec d’autres écoles de devoirs à la création d’une nouvelle Coordination des écoles de devoirs de Bruxelles. Pour Pierre, la contribution de Rasquinet à ces réseaux est essentielle pour partager les expériences et définir ensemble une politique globale pour le secteur.

Pierre Massart déguisé en Saint Nicolas devant le futur parc Rasquinet. Sur la palissade, on peut lire « Ici vient un espace », Schaerbeek, s.d. (CARHOP, fonds Luc Roussel, non inventorié)

Les animateurs : un recrutement permanent

La première année de fonctionnement, le Club des rues peut compter sur une quarantaine d’animateurs et animatrices qui se relaient, mais pour Pierre, vu le nombre d’enfants à encadrer, ce n’est pas assez. Au départ, l’animation est assurée par les participant.e.s à la Messe des jeunes : des étudiant.e.s, des jeunes ménages, des enseignant.e.s, des employé.e.s, une infirmière, Jeanne Verstraeten et un ouvrier . Progressivement, d’autres bénévoles les rejoignent, des jeunes ou des moins jeunes… Ces derniers moins au fait du public accueilli ont besoin d’une « formation » à leur rôle. Une seule condition est posée, la régularité dans l’engagement, l’acceptation de la ligne politique et le bénévolat[13]. Des stagiaires assistants sociaux viennent renforcer les équipes. Sur le plan financier, le Club des rues Rasquinet reçoit des dons qui permettent de fonctionner et la commune promet un subside[14].

Pierre Massart cherche à toucher des étudiant.e.s du secondaire supérieur et fait la promotion du volontariat dans le quartier Josaphat, auprès des écoles « bourgeoises » du quartier : les Dames de Marie, l’Institut Sainte-Marie, sise chaussée d’Haecht, mais sans grand résultat. Suite à une demande d’interview d’un de ces jeunes « privilégiés » sur la question de l’immigration, Pierre publie un long article où il laisse éclater sa colère et n’hésite pas à dénoncer la ségrégation sociale à l’œuvre entre les établissements scolaires du quartier :

« On en a marre dans le quartier de tous ces jeunes en quête d’interviews, d’enquêtes, de documentations sur les étrangers qui ne servent qu’à fournir des dossiers à ces étudiants en mal de copie ! S’agit-il de s’engager, de soutenir une action… Où sont-ils ? Les personnes ? On s’en fout ! Leur consacrer une ou deux heures par semaine, çà non… ! […] Finalement, cette clientèle privilégiée qui fréquente ce collège y est les premiers « étrangers » et c’est voulu, c’est le fruit d’une politique scolaire voulue d’éviter les contacts avec les immigrés du quartier, ce qui pourrait nuire à la bonne réputation de l’école et de sa clientèle bourgeoise en demande d’une éducation soignée, des études sérieuses à la hauteur de leur condition sociale et du brillant avenir qui leur est réservé » [15].

Pierre dénonce la ségrégation sociale opérée par ces écoles qui refusent l’inscription des enfants ne maîtrisant pas suffisamment la langue française et limitent à 26 % l’inscription d’étrangers (Européens compris), alors que les petites écoles paroissiales du quartier sont à 97 % fréquentées par les enfants de familles immigrées, dont 70 % d’enfants turcs qui ne connaissent pas encore le français ! Ces écoles accueillent aussi toute l’année les nouveaux venus, ce qui pose des problèmes pédagogiques pour les enseignant.e.s avec des classes passant de dix-huit à trente-cinq enfants en fin d’année scolaire.

En retour, le directeur de l’Institut Sainte-Marie demande un droit de réponse : « cher Frère Pierre, j’ai lu votre article concernant l’Institut Sainte-Marie. Je suis persuadé qu’il vous est inspiré par votre dévouement au service des plus pauvres »[16]. Pierre Massart n’accepte pas cette condescendance et répond que son engagement n’a rien de caritatif :

« Au sein du mouvement Chrétiens pour le socialisme, je suis engagé dans les luttes de libération du peuple. Je participe à la recherche de nouvelles modalités de la foi et de l’Église à partir d’une pratique politique de caractère prolétaire et socialiste. Je partage avec joie un christianisme lié aux intérêts de la classe ouvrière et offrant l’alternative à un christianisme allié idéologiquement et structurellement au système dominant d’exploitation ». Il conclut, « Ne serait-il pas souhaitable que ces écoles dites chrétiennes […] s’engagent elles aussi à promouvoir plus de justice et de fraternité dans l’activité qui leur est propre : le partage du savoir et de l’éducation ? » [17]

Pierre Massart réfléchit beaucoup à cette ségrégation opérée dans l’enseignement chrétien ainsi qu’aux problèmes sociaux, économiques et culturels de la population scolaire en milieu immigré. Par la plume et la parole, il dénonce cette situation et pointe quelques pistes d’actions pour sortir du cercle infernal de l’exclusion scolaire, à savoir l’Association des enseignants en milieux immigrés qui joue un rôle de lobby auprès des pouvoirs publics, les écoles de quartier et les écoles de devoirs. Il souligne l’importance de produire des outils pédagogiques adaptés et de disposer d’une assistance sociale dans les écoles libres de Schaerbeek. Enfin, la guidance dès la maternelle telle que réalisée par l’équipe psychosociale de La Gerbe est un modèle à suivre [18].

Inauguration non-officielle et symbolique du parc Rasquinet, Schaerbeek, 1975 (Collection Rasquinet).

1975 : l’usine démolie, reste la conquête du terrain

L’association continue inlassablement de revendiquer l’usage du terrain de l’ancienne usine. Finalement, la commune sécurise le lieu, promet des aménagements et accepte l’occupation pendant les périodes de vacances. Le jardin est même symboliquement inauguré les 7, 8, 9 février 1975, avec trois journées d’animation, une conférence de presse, des plantations symboliques et la Grande nuit du Terrain vague.

Pendant l’été 1975, plus de 180 enfants fréquentent les activités de l’association. Nonante moniteurs et monitrices se succèdent pendant les deux mois. En 1976, ce sont plus de 200 enfants, encadrés en permanence par une vingtaine de bénévoles qui se relaient. C’est ainsi chaque été tant que le terrain reste à leur disposition.

Appliquant le principe de Terrain d’aventure, Rasquinet devient un espace de création pour les enfants, mais cette forme d’animation « libre » ne plait pas aux édiles communaux qui font évacuer régulièrement par leurs services, pneus, planches et autres matériaux mobilisés par les enfants et les jeunes dans leurs constructions de cabanes, de circuits, etc.

Un matin du 18 septembre 1976, le « jardin » est grillagé avec une pancarte « fermé provisoirement », pour cause d’aménagements, précise-t-on à la Maison communale, ce qui n’empêche pas son appropriation sauvage par les jeunes du quartier qui considèrent ce terrain comme étant le leur. Le 1er octobre 1979, suite aux dégâts causés par l’occupation sauvage, le parc est fermé pour une période indéterminée. En 1980, les enfants enlèvent les grilles et occupent librement les lieux pendant l’été. Fin août, la commune remet des grilles, etc.

Pierre Massart et Rasquinet luttent pour la sauvegarde du « jardin » de la rue Josaphat, Schaerbeek, 1981 (Collection Rasquinet)

Entre promesses, ouverture ou fermeture temporaire, inauguration partielle – sans doute électoraliste en 1981 –, installation d’engins de jeu, les années se suivent sans qu’aucune solution durable ne soit proposée. La bataille pour Rasquinet est ouverte. Le site devient l’objet d’une lutte sans fin entre les associations regroupées en Comité d’action Schaerbeek plage qui poursuit l’action pour conquérir un espace de jeux et exiger une véritable politique de l’enfance, et les autorités communales, en particulier le bourgmestre, Roger Nols, qui est raciste et affiche ouvertement ses sympathies pour l’extrême droite. Sans relâche, le Comité d’action rappelle leurs attentes et les promesses faites : ouverture du terrain les mercredis, samedis et jours de congé ; aménagement sommaire du terrain (drainage, grillages sur les murs protégeant les jardins riverains) ; aménagement d’un espace de tranquillité avec des bancs pour les personnes âgées, les jeunes mamans. Ils demandent aussi que la commune prenne en charge les coûts des animateurs qui sont subventionnés de manière transitoire par la Commission française de la culture de l’agglomération de Bruxelles…en attendant que la commune assure l’animation de la plaine Rasquinet de manière permanente[19]. Cette mobilisation va durer plus de vingt-cinq ans. Il faut attendre le changement de majorité politique en 1994, pour qu’étape par étape, le parc Rasquinet voit le jour et soit inauguré en fanfare en juin 1999 [20].

Avec la création du Comité Schaerbeek plage et du groupe « Rasquinet-Josaphat pour la défense du terrain d’aventure et l’espace vert », le relais est pris. L’asbl Rasquinet peut désormais se concentrer sur ses objectifs premiers : les ateliers créatifs et le soutien scolaire.

Le Centre d’expression et de créativité

Dès le départ, le Club des rues reçoit l’appui financier de Michel Pion, fonctionnaire à la Communauté française de Belgique, qui accorde rapidement la reconnaissance comme centre d’expression et de créativité (CEC) et donne ainsi la possibilité d’embaucher un premier animateur pour la plaine, anticipant la future fonction d’éducateur de rue[21]. À partir de 1978, l’asbl obtient également un poste de cadre spécial temporaire (CST). L’engagement de la première permanente, Yolande Verbist, marque le démarrage de la vie institutionnelle de Rasquinet. Ce poste deviendra deux mi-temps sur des contrats qui évoluent en fonction des changements institutionnels de la Belgique et du transfert de la politique de l’emploi du pouvoir fédéral à celui des Régions. En 1996, l’asbl bénéficie en plus de deux mi-temps subventionnés par le Fonds d’équipement des services collectifs (politique de la petite enfance). En 2001, l’octroi d’un poste de niveau universitaire assure un cadre permanent à l’association. Cette évolution de l’emploi est générale dans les années 1980 et 1990 dans le milieu associatif, en particulier dans le secteur de la jeunesse.

1974 : l’école de devoirs Rasquinet

L’usine détruite, le terrain souvent inaccessible, la commune fait un geste et propose une maison déclarée insalubre et récemment vidée de ses locataires. Située à l’angle de la rue Josaphat et de la rue Vifquin, Rasquinet s’y installe. Ses activités se sont diversifiées avec, d’un côté, le centre de créativité, les mercredis après-midi, les samedis et dimanches après-midi ainsi que pendant les périodes de vacances et de l’autre, l’école de devoirs, ouverte à partir de 1974 tous les jours de la semaine.

Réunion d’équipe à Rasquinet. On reconnait Renée Ponette à droite de la photographie, en bout de table au centre, Schaerbeek, 1988 (Collection Rasquinet)

Le rôle d’une école de devoirs est de lutter contre l’échec scolaire, mais aussi de permettre à ces enfants d’envisager un autre destin que la sortie de l’école sans qualification. Pierre Massart précise sa vision en 1975 :

« C’est d’abord une aide aux devoirs pour des élèves rencontrant des difficultés et des leçons individuelles de rattrapage en lecture pour ceux qui accusent un retard important dans ce domaine. Mais, au-delà de ce rattrapage, l’école de quartier vise à rencontrer les besoins que l’école traditionnelle rejette : permettre aux enfants de parler de leur vie de tous les jours, exprimer leurs besoins, établir le contact entre ce que les enfants apprennent à l’école et leur réalité quotidienne ; permettre à ces enfants de pouvoir comprendre, critiquer et agir. Ce travail ne doit pas être une œuvre charitable, mais il doit être intégré à une lutte d’ensemble des habitants des quartiers populaires contre l’exploitation. Les enseignants doivent donc lier leur pratique au sein des cours de rattrapage à l’action de résistance et d’organisation des habitants »[22].

Sœur Renée Ponette (1913-2007) rejoint le duo Pierre Massart et Jeanne Verstraeten. Elle est enseignante au Lycée-Centre scolaire du Berlaimont à Waterloo. À sa retraite en 1974, elle s’installe rue de l’Est dans une communauté de vie, avec deux consœurs, un prêtre, des couples et une célibataire. Très active, elle participe à la création d’un club pour personnes du troisième âge en milieu populaire, La Barricade (Saint-Josse), qui est aussi un lieu de rencontre intergénérationnel. Elle est membre aussi de l’Équipe populaire de Saint-Josse-Botanique. Elle répond au journaliste qui fait un reportage sur Rasquinet alors qu’elle a 80 ans :

« J’avais décidé qu’à ma retraite, je donnerais des leçons particulières à des enfants qui n’avaient pas les moyens de s’en payer, mais à l’école de devoirs, nous faisons plus que cela, nous aidons les jeunes à comprendre et à s’intégrer naturellement dans la société dans laquelle ils vivent sans s’écarter de leur propre culture et en essayant de dépasser avec eux, et encore plus avec leurs parents, l’obstacle de la langue »[23].

Renée Ponette assiste un jeune qui fréquente l’école des devoirs, Schaerbeek, s.d. (Collection Rasquinet)
Renée Ponette assiste un jeune qui fréquente l’école de devoirs, Schaerbeek, s.d. (Collection Rasquinet)

En 1974, comme responsable permanente bénévole[24], Sœur Renée Ponette prend le pilotage de l’école de devoirs et reste à la barre jusqu’à ses 85 ans. D’une vitalité et d’un dynamisme remarquables, elle en assure chaque jour le bon fonctionnement[25], car si Pierre passe tous les jours pour saluer ce petit monde, il s’occupe rarement directement des enfants[26]. Elle marque de son empreinte les enfants qui passent par-là, ainsi que bon nombre de collaborateurs et collaboratrices qui se souviennent d’une femme chaleureuse et ouverte. Elle n’hésite pas à s’engager, avec Pierre et Jeanne, quand il faut trouver des solutions pour répondre à la crise du logement dans la création de l’asbl ANWIM-ALI. Ils forment un trio solide qui s’investit pendant plus de quarante ans dans l’association ce qui est assez exceptionnel. En 1979, Pierre rappelle que le projet « repose sur une équipe stable qui y consacre beaucoup de temps, habite le quartier et dont l’un des membres est permanent à temps plein […]. Cette équipe est constituée essentiellement de deux religieuses et d’un religieux, facteur important de durée et qui fait réfléchir au sens « d’une communauté attachée à une œuvre déterminée »[27]. Ce que Pierre ne cite pas, mais qu’évoque Jeanne Verstraeten dans son entretien, c’est une très grande confiance et fidélité. Chaque lundi, Renée Ponette, Pierre Massart et elle-même se retrouvent pour partager une lecture et un repas, une discussion et échanger sur la situation. Alors que Pierre, vu ses nombreux engagements, est finalement peu présent dans la vie quotidienne de Rasquinet, cette rencontre hebdomadaire permet de préciser les urgences, les lignes de force et d’assurer la continuité du projet[28].

Le rapport d’activité de Rasquinet de l’année 1978-1979, présenté au Comité de liaison des écoles de devoirs et conservé dans les archives de Rosa Collet, dresse un bilan des premières années d’activités. L’EDD peut compter sur dix-sept moniteurs et monitrices, avec une présence de quatre à huit par jour. Ils sont très réguliers, – c’est une condition –, sauf en période d’examens où les étudiant.e.s sont pris par leurs études, mais au troisième trimestre, les enfants se raréfient aussi. Les séances vont de 16 heures à 17 heures 15. L’équipe se retrouve ensuite pour une mise au commun. Ils échangent sur les objectifs et les valeurs de l’école de devoirs, analysent les progrès de l’enfant, ses forces, ses faiblesses. Ces remarques et points d’attention sont consignés dans un carnet de communication. Un bulletin leur est spécialement destiné : le Rasquiflasch. Plusieurs animateurs et animatrices participent aux autres activités de Rasquinet, ce qui crée des liens avec les enfants, toujours pressés d’en finir avec les devoirs et les leçons pour aller jouer[29].

Si au début, Pierre envoie à l’EDD les enfants qui ont de grandes lacunes dans la maîtrise de la langue, rapidement, les enfants du quartier viennent d’eux-mêmes, avec des demandes précises. Ils sont rarement stimulés par leurs parents, sauf de manière exceptionnelle quand le travail du parent correspond aux horaires de l’école.

Pour ses projets futurs, Rasquinet se propose de travailler davantage avec les écoles, les professeurs et les parents et envisage de passer progressivement de l’aide scolaire envisagée au sens strict vers un apprentissage à la coopération, autre valeur essentielle de Rasquinet : « Développer entre eux un esprit de solidarité plutôt que d’émulation pour les préparer à être plus tard eux-mêmes des agents de transformation de la société. Déjà des manifestations de solidarité et de moindre agressivité entre nationalités augmentent au cours de l’année »[30]. La pédagogie mobilisée favorise l’écoute et le soutien moral : faire exprimer l’enfant sur ses échecs, mais aussi sur ses réussites, suivre l’évolution de ses résultats. Il ne s’agit en aucun cas de dévaloriser l’école, mais bien de faire prendre conscience à l’enfant qu’il a des capacités, une marge de progression, et qu’il peut avoir confiance en lui.

Rasquinet s’installe rue Josaphat

En 1987, la commune vend la maison à un voisin turc sans en informer les occupants. Avec le soutien de Jean-Mathieu Lochten, un jésuite, patron de l’entreprise de bois Lochten, sise rue des Coteaux et qui soutient nombre d’initiatives dans le quartier, grâce aux fonds apportés par l’association ANAWIM-ALI et l’APAJI, Pierre Massart a l’opportunité d’acquérir deux petites maisons situées aux numéros 174 et 176 de la rue Josaphat[31]. Rasquinet est à l’abri désormais des aléas politiques et peut continuer son essor.

Les activités se déclinent selon les groupes : les petits de 3 à 6 ans, les enfants de 6 à 12 ans, et des groupes d’adolescentes et d’adolescents. Les propositions sont adaptées aux âges et aux sexes. « Les préadolescentes, par exemple, se retrouvent pour jouer, pour redécouvrir l’enfance en contrepartie d’activités d’adultes qu’elles doivent déjà faire chez elles, encadrement affectif, développer leur imagination, leur créativité, car leur personnalité est fort influencée notamment par la TV »[32]. Les ateliers créatifs sont organisés les mercredis, samedis et dimanches. L’été, des camps, des ateliers ou des activités d’extérieur sont programmées et ont beaucoup de succès.

L’école de devoirs accueille les enfants qui ont des difficultés scolaires ou des difficultés en français (lecture, maitrise du vocabulaire, etc.). Le soir, un cours de turc est proposé aux adultes qui développent une activité dans le quartier[33]. Cinquante ans plus tard, Rasquinet peut toujours compter sur une équipe stable et compétente qui pilote le développement de l’association. Elle se complète de nombreux bénévoles, habitant le quartier, mais aussi de nombreux jeunes venant de différentes écoles de l’agglomération bruxelloise [34]. Plus de 100 enfants fréquentent chaque année l’école de devoirs et les ateliers créatifs, mais le manque d’animateurs et d’animatrices ne permet pas de répondre à toutes les demandes. Les besoins restent importants tout au long de ces décennies.

Affiche « Rasquinet renaît », Schaerbeek, juin 1999 (Collection Rasquinet)

Un bilan réflexif

Dans l’entretien que lui consacre A feuilleT[35], Pierre Massart partage ses réflexions sur l’évolution du mouvement. Paradoxalement, les écoles de devoirs sont reconnues et subventionnées depuis 2004 alors que les protagonistes des années 1970 souhaitaient leur disparition. Les générations se suivent, mais l’apprentissage de la langue reste un problème. Sans vouloir stigmatiser une communauté, il constate une forme de repli identitaire. D’une part, l’ascenseur social est grippé suite à la crise, d’autre part, une tradition tenace veut que les filles et les garçons, dits de la troisième génération, se marient avec un ou une conjoint.e du pays d’origine. Les enfants nés dans ces foyers ont beaucoup de chances d’avoir un parent qui ne maîtrise pas la langue de l’école. Plusieurs générations vivent sous le même toit et il n’y a souvent qu’à l’école que les enfants parlent français. En ce qui concerne les écoles de devoirs, il constate que de nouvelles formes émergent qui s’apparentent davantage aux études dirigées, ce qui n’est pas le but initial. Enfin, il souligne combien les équipes d’animateurs, porteurs d’une adhésion à la philosophie du projet, sont nécessaires et déplore qu’après tant d’années, trop peu de jeunes, ayant bénéficié du soutien scolaire des EDD, ne se sont pas investis à leur tour dans l’accompagnement des générations suivantes. Stéphane Antoine, actuel directeur de Rasquinet, nuance quelque peu ce propos, plusieurs animateurs et animatrices aujourd’hui sont des anciens et anciennes de Rasquinet et de citer quelques exemples.

Les engagements de Pierre Massart ne s’arrêtent pas à Rasquinet et aux écoles de devoirs. Ce n’est qu’un volet, certes essentiel parmi ses multiples activités. C’est une biographie qu’il faudrait entreprendre tant son action se déploie dans différentes directions, mais il y a un fil rouge, une très grande cohérence entre ses objectifs, ses choix et ses réalisations.

Dans une intervision (révision de vie) qu’il partage avec des prêtres engagés dans la pastorale ouvrière de Schaerbeek (Josaphat), il explicite ses choix[36]. Au départ, il s’occupe des petits étrangers et s’engage dans les écoles en milieu immigré. Ses expériences dans les bidonvilles parisiens et la MDJ l’Olivier donnent naissance à Rasquinet. Avec la participation à des groupes ayant une expérience politique (ASI, UPS, Hypothèse d’école), il passe du socio-caritatif au politique. Présent dans la classe ouvrière, il opte pour le mouvement des Frères en monde ouvrier (France) et, en Belgique, avec les Équipes populaires (organisation constitutive du Mouvement ouvrier chrétien), Chrétiens pour le socialisme et la pastorale ouvrière. Son engagement dans la classe ouvrière l’amène à chercher des solutions concrètes articulant travail et formation : l’APAJI, Rasquinet, le Front antiraciste, la présence dans le quartier par l’habitat, et auprès des groupes de jeunes Turcs, mais avec un engagement dans l’Église aussi, quand il participe à des communautés de base (le Relais, le Sénevé). Il affine ses choix politiques et ses analyses de la société (inégalités, solidarité, lutte de classe, vie des travailleurs) par une lecture de la vie de Jésus-Christ qui, lui, a choisi son camp. Sa conviction est qu’il faut prendre le parti des « petits » ce qui, en politique, signifie choisir l’Union des gauches avec l’espoir d’une libération des travailleurs.

Comme Frère des Écoles chrétiennes, Pierre Massart a la conviction d’être dans la ligne du Fondateur. En 2010, il écrit « tout ce que j’ai fait dans ce domaine […] est lié à ma vocation de Frère des Écoles chrétiennes, à la mission éducatrice lasallienne à laquelle je voulais me consacrer. […] Aussi n’ai-je pu que regretter que mes Supérieurs successifs, tout en me permettant de jouir d’une grande liberté d’action, n’ont pas cru important et judicieux d’investir comme institution dans ce mouvement éducatif des écoles de devoirs. Il y avait pourtant là un signe des temps, qui leur a malheureusement échappé et dont je suis resté, je dois bien le reconnaître en toute modestie, le seul témoin au niveau de l’institut de Belgique. De toute façon, il est très réconfortant pour moi de constater […] qu’il reste en dehors de nos écoles une œuvre éducative extrascolaire toujours très actuelle et importante, gérée avec des laïcs, mais initiée et toujours suivie par un Frère dans la fidélité de son idéal de fils de Jean-Baptiste de La Salle. […] Peut-être qu’un jour y trouvera-t-elle sa place et sa raison d’être comme mouvement lasallien ? N’est-ce pas ce que je puis souhaiter de meilleur en ma fin de vie de Frère ?[37]

Entretien avec Pierre Massart : [►]

Témoignage de Pierre Massart : [►]
Réalisation Pierre Chemin, le cordon musical, asbl.

Notes

[1] KADOC, archieven Frères des Écoles chrétiennes – District Belgique-Sud 1743-2015, dossier n° 2290, Massart P., « Rapport d’activités et projets », Bruxelles, 14 juillet 1973.
[2] KADOC, archieven Frères des Écoles chrétiennes – District Belgique-Sud 1743-2015, dossier n° 2290, Massart P., « Rapport d’activités et projets », Bruxelles, 14 juillet 1973.
[3] Massart P., « Parmi les Turcs et les Marocains, Rasquinet 20 ans après », En équipe, 15 avril 1993, p. 6 (article paru dans Le Journal Dimanche, n° 11, 21 mars 1993).
[4] Il s’agit d’un épisode de la guerre civile d’Espagne qui retrace l’histoire d’un groupe de combattants italiens anarcho-syndicalistes en 1936. Voir MEURANT S., « L’héritage d’Armand Gatti », dans cinergie.be, mis en ligne le 3 septembre 2019. URL : https://www.cinergie.be/actualites/l-heritage-d-armand-gatti, page consultée le 1er février 2021.
[5] En équipe, mai 1973, p. 3-5.
[6] Le Soir, février 1974.
[7] Pierre Massart évoque le désaccord de Simon Rasquinet « qui ne souhaitait nullement perpétuer son nom dans ce quartier, mais il renonça à nous faire un procès », Massart P., Fragment d’histoire. Histoire du terrain « Rasquinet », s.l., s.d. (document mis à la disposition par Stéphane Antoine, actuel directeur de Rasquinet, décembre 2020).
[8] Massart P., Fragments d’histoire. Histoire du terrain « Rasquinet », s.l., s.d., p. 2.
[9] Le nom officiel est Rasquinet, Ateliers créatifs, Animation de quartier asbl, Moniteur belge, n° 11425, 1974. En 2004, lors de la révision des statuts, le nom change et devient Rasquinet-École de devoirs-Centre d’expression et de créativité, en abrégé Rasquinet, EDD-CEC-asbl, Le Moniteur, 2 décembre 2004.
[10] « Rencontre avec le Frère Pierre Massart », Contacts. Bulletin de liaison des établissements d’enseignement secondaire, n° 112, 3e trimestre 2010, p. 44. [En ligne] URL : https://doczz.fr/doc/6187255/contacts—association-des-%C3%A9coles-lasalliennes, page consultée le 2 février 2021.
[11] Le Moniteur, 2 décembre 2004.
[12] « Rasquinet ASBL », dans Guide de la Belgique des luttes, Bruxelles, Éditions Vie ouvrière, 1977, p. 130-131.
[13] « Rasquinet ASBL », dans Guide de la Belgique des luttes, Bruxelles, Éditions Vie ouvrière, 1977, p. 130.
[14] En équipe, mai 1973, p. 3-5.
[15] Massart P., « Un exemple type : enseignement catholique et ségrégation sociale », Bruxelles-Combat, n° 9, 20 mai 1975 repris dans L’Agence schaerbeekoise d’information, numéro spécial Enseignement, École, sélection, luttes, n° 31-33, juillet 1976, p. 37.
[16] Lettre de M. Bayet, directeur à l’Institut Sainte-Marie à Pierre Massart, le 5 juin 1975 et réponse de Pierre Massart, publiées dans Bruxelles-Combat, n° 12, 1er janvier 1976 et dans Agence schaerbeekoise d’information, n° 31-33, juillet 1976, p. 38-39.
[17] Massart P., « Mise au point », publiée dans Bruxelles-Combat, n° 12, 1/01/1976, p. 40-41 et dans Agence schaerbeekoise d’information, n° 31-33, juillet 1976, p. 35-41.
[18] Conférence de Pierre Massart et Jacques Simillion sur les écoles populaires en milieu immigré, Études et dialogues, avril 1975, p. 3-8.
[19] CARHOP, fonds Luc Roussel, dossier Rasquinet, n° 118, brochure : La cité y était. Agir et lutter dans son quartier, Schaerbeek, MOC-Schaerbeek, 1980.
[20] Massart P., « Le Rasquinet : une plaine de jeux dans un quartier populaire. 25 ans de lutte urbaine », L’âne à thèmes, n° 23, avril-mai-juin 1999. Il existe de nombreux articles de Pierre Massart retraçant cette saga. Luc Roussel, correspondant local au journal La Cité, a rassemblé ces articles et les documents de presse. CARHOP, fonds Luc Roussel, dossier Rasquinet n° 117-120.
[21] A FeuilleT, s.d., p. 5.
[22] Massart P., Les écoles populaires en milieu immigré, Études et dialogues, avril 1975, p. 3-8.
[23] « Une école où les enseignants ont 80 ans », propos recueilli par M. Briard, La Libre Belgique 2 décembre 1992.
[24] La deuxième « directrice » est Marie Cussac, enseignante et religieuse. Elle démissionne comme administratrice en 2006.
[25] Massart P., « Le Rasquinet », En équipe, n° 6, 15 février 1983, p. 10.
[26] Rencontre avec Jeanne Verstraeten, Boisfort, 20 novembre 2017.
[27] En équipe, n° 3, 15 février 1979, p. 5.
[28] Rencontre avec Jeanne Verstraeten, Boisfort, 20 novembre 2017.
[29] Boland F., Un an de travail à l’atelier lecture du « club de rues Rasquinet à Schaerbeek, Institut Cardijn, Louvain-la-Neuve, 1976, p. 13. Elle cite la revue Rasquiflash, qui est le bulletin des moniteurs de Rasquinet, mais dont nous n’avons pas retrouvé d’exemplaires.
[30] CARHOP, fonds Rosa Collet, n° 49, bilan de l’école de devoir de Rasquinet, année 1978-1979, s.d., 6 pages.
[31] Massart P., « Rasquinet, ses origines », [2001] ; « Le Rasquinet : une plaine de jeux dans un quartier populaire, 25 ans de lutte urbaine », L’âne à thèmes, n° 23, avril-mai-juin 1999, p. 1-18.
[32] Boland F., …, p. 13.
[33] Boland F., …, p. 16.
[34] Massart P., « Rasquinet, ses origines », [2001]. Document dactylographié communiqué par Stéphane Antoine, actuel directeur de Rasquinet, décembre 2020.
[35] A feuilleT, n° 154, avril 2010, p. 7. Pierre Massart fait le même bilan dans Recueil de témoignages de FMO– non publié, [1996-1997].
[36] CARHOP, fonds Luc Roussel, rapport de la réunion des aumôniers de la pastorale ouvrière, 18 mars 1983 (fonds en voie de classement).
[37] CARHOP, Fonds Pierre Massart, Lettre de Pierre Massart à J.-L. Volvert, sollicitant la publication de son témoignage dans la rubrique « Nos bien Chers Frères » de la revue Contacts, 28 mai 2010.

POUR CITER CET ARTICLE

Référence électronique

Coenen M.-Th., « Pierre Massart & l’aventure Rasquinet, » Deuxième partie : « Du Club des rues à l’école de devoirs », Dynamiques. Histoire sociale en revue, n° 14 : Les écoles de devoirs (partie II). Des expériences militantes,  mars-juin 2021, mis en ligne le 1er juin 2021. URL : https://www.carhop.be/revuescarhop/