La Ligue horticole et du Coin de terre de Bois-du-Luc

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Isabelle Sirjacobs (directrice scientifique, SAICOM)

Le Charbonnage du Bois-du-Luc, une histoire vieille de plus de 300 ans !

La Ligue horticole et du Coin de terre de Bois-du-Luc naît dans le contexte particulier d’un charbonnage emblématique de la région du Centre. La société des Charbonnages du Bois-du-Luc arbore en effet près de 300 ans d’existence (de 1685 à 1973) et nous laisse un patrimoine industriel et social des mieux conservés qui en fait aujourd’hui un lieu de mémoire exceptionnel.[1] Située à Houdeng-Aimeries, sur le terrain houiller du sillon Haine-Sambre-Meuse, la société des Charbonnages du Bois-du-Luc trouve son origine dans la création en 1685 de la Société du Grand Conduit et du Charbonnage de Houdeng.[2] Exemple le plus lointain de structure capitaliste en Europe, la société houillère est fondée dans le but de résoudre les problèmes d’évacuation de l’eau souterraine (ou d’exhaure), par l’usage de conduits de bois, un système de drainage souterrain fabriqué à partir de troncs d’arbres évidés, aboutés et disposés en pente douce afin d’évacuer les eaux par gravitation. Ce système D de l’époque fonctionne pendant près d’un siècle avant d’être remplacé par une machine à feu de type Newcomen[3] permettant de puiser l’eau dans les galeries de mine située en profondeur. Dès lors, les dirigeants de la société ne cesseront d’investir régulièrement dans de nouvelles technologies pouvant accroître la production de charbon.

Copie de la dernière page de l’acte de fondation de la Société du Grand Conduit et du Charbonnage de Houdeng daté du 14 février 1685 (SAICOM, Fonds d’archives de la S.A. des Charbonnages du Bois-du-Luc, coll. MMDD, n° BDL 0253, cliché sur verre).

Devenue en 1807 « Société civile des Charbonnages du Bois-du-Luc », l’entreprise entame au 19e siècle une importante croissance industrielle marquée par l’achat de concessions minières, le creusement de nouvelles fosses à Houdeng mais aussi à Havré et à Trivières et apparaît à l’aube du 20e siècle plus florissante que jamais. Transformée en 1936 en société anonyme, elle poursuit l’aventure et estime la prolongation de la période d’exploitation à… 100 ans.[4] Une estimation qui s’avère un peu trop optimiste car l’entreprise n’arrive pas à contrecarrer le déclin industriel qui atteint tous les bassins houillers à partir des années 1960. Les puits sont de moins en moins rentables et ne peuvent rivaliser avec les productions étrangères et les nouvelles sources d’énergie (hydrocarbures, puis nucléaire). Le programme de fermetures élaboré à l’initiative de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA)[5] atteint la région du Centre dès le début des années 1950. Bois-du-Luc se voit dès lors contraint par la CECA de fermer le puits Saint-Emmanuel en 1959. La société continue l’exploitation de son siège de Beaulieu à Havré jusqu’en 1961 et de celui du Quesnoy à Trivières jusqu’en 1973. La fermeture de ce dernier entraîne la mise en liquidation de la société des Charbonnages du Bois-du-Luc, dernière société houillère de la région du Centre.

Le siège du Quesnoy à Trivières vers 1930. Les puits Saint-Paul et Saint-Frédéric sont creusés entre 1898 et 1903, et fonctionnent jusqu’en 1973 (Gabos, Fonds Bois-du-Luc, coll. Archives, n° BDL-MM-0017, cliché sur verre).

Un charbonnage et un village

En pleine expansion industrielle, la société des Charbonnages du Bois-du-Luc entreprend en 1835 le fonçage d’un nouveau puits à Houdeng, au cœur même du site du Bois-du-Luc. La fosse Saint-Emmanuel est ouverte à l’exploitation en 1846 et devient le siège central de la société qui y installe ses bureaux et ateliers. C’est là aussi que sont construits des logements ouvriers marquant le début d’une période de prise en charge des ouvriers par un paternalisme patronal que la société consolide par la suite en créant toutes sortes d’œuvres sociales.

Le paternalisme industriel est un dispositif de contrôle social dans lequel le directeur ou patron d’entreprise exerce une emprise sur ses ouvriers et leurs familles en leur offrant toute une série d’avantages (logements, soins médicaux, écoles, loisirs, etc.) mais en attendant d’eux en retour une certaine docilité et une fidélité à l’entreprise.

Le but de la cité dite « du Bosquet » est de fixer la main-d’œuvre, de lui procurer un maximum de confort afin d’en assurer sa docilité et son obéissance. Ces principes, animés par la mouvance paternaliste chrétienne qui se développe dans la région, s’inspirent clairement des méthodes patronales de l’époque. En 1844, la décision de bâtir la maison directoriale au sein de la cité est un signal fort de la société qui souhaite exercer une surveillance « continue sur toutes les parties de cet établissement (Saint-Emmanuel) »[6]. La bâtisse est située stratégiquement près du nouveau puits et des bureaux, en hauteur et face à la cité.

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